« L’école est notre priorité » ne cesse de proclamer la maire de Colomiers. A travers l’exemple de la gestion actuelle des ATSEM (Agents Territoriaux Spécialisés des Ecoles Maternelles), je voudrai souligner toute la supercherie d’un slogan de campagne alléchant, mais qui ne résiste pas une minute à un examen attentif de la réalité.
Il y a plusieurs mois, lors du Comité Technique Paritaire du 2 février 2015 la mairie a annoncé / confirmé qu’elle supprimerait un poste d’ ATSEM par école maternelle à partir de la rentrée scolaire de septembre 2015 : 9 postes sur 54, ce qui représente pas moins de 16% de l’effectif… Cette décision qui va à l’encontre des besoins réels des classes a choqué et surpris par sa brutalité. Elle va indéniablement à l’encontre du slogan de campagne…. A moins de considérer qu’avec moins, on peut faire mieux…, comme le prétendait un certain Nicolas Sarkozy lorsqu’il supprimait des dizaines de milliers de postes d’enseignants. Les socialistes columérins se seraient-ils convertis aux vertus du redéploiement, de la flexibilité et du management à la sauce de l’entreprise… ?
La lettre à la Maire écrite et signée par tous les directeurs des 9 écoles maternelles, en date du 26 mars 2015, n’a jamais reçu de réponse… Que disait-elle ?
« …Nous pouvons comprendre les contraintes budgétaires de la gestion d’une municipalité. Toutefois, le contexte particulier de notre commune et donc de nos élèves (difficultés sociales croissantes, problèmes de langage de tous ordres…), le fossé des disparités grandissant entre les enfants, sont autant de raisons qui exigent une réponse adaptée de notre part.
Comme vous, nos priorités sont le bien-être et la réussite des enfants. La présence d’une ATSEM par classe est aujourd’hui une chance pour les élèves de nos écoles. Nous pourrions d’ailleurs faire l’inventaire des taches effectuées par les ATSEM auprès des enfants et de leurs familles (accompagnement, soin, réconfort, hygiène, aide pédagogique…). Nous vous accueillerions volontiers dans nos classes afin que vous puissiez juger par vous-même de la richesse apportée aux enfants par tous ces collaborateurs.
Nous souhaitons poursuivre ce travail de qualité auprès des petits columérins mais cela, nous ne pourrons pas le faire si ces suppressions se confirment.
Nous savons déjà, pour l’avoir vécu lors d’absences ponctuelles d’ATSEM pour des motifs divers, que lorsque l’équipe éducative n’est pas au complet, le rythme imposé aux enfants leur est préjudiciable. Qu’en sera-t-il lorsque cette « absence » sera permanente ?… »
L’ensemble des directeurs des écoles maternelles de Colomiers expriment d’une seule voix incompréhension et inquiétude et pourtant ils ne sont pas écoutés et encore moins entendus.
Aujourd’hui, le non remplacement des ATSEM absentes oblige les écoles à des contorsions d’organisation qui sont préjudiciables au « bien être et à la réussite des enfants ». Qui peut le nier ? Ce sont les moyennes et grandes sections qui le plus souvent en font les frais, car la priorité reste d’assurer une présence continue des ATSEM a minima sur les classes des petites sections.
Demain, avec une ATSEM en moins par école, les difficultés iront en s’aggravant et les remplacements seront encore moins assurés qu’auparavant. La mairie se défend en arguant qu’elle respecte la réglementation qui prévoit une ATSEM par école et dans la pratique une ATSEM pour deux classes. Certes, mais le préjudice sera bien réel dans la mesure où le choix avait été fait, il y a déjà longtemps et avec justesse, d’une ATSEM par classe. Ce n’était pas un luxe, mais un besoin réel. Aujourd’hui, c’est une nécessité vitale à Colomiers où le nombre de familles en difficulté sociale et dans la précarité ne cesse d’augmenter, où le nombre d’enfants qui ont besoin d’une attention particulière se multiplie. Une ville qui a 30% de logements sociaux doit davantage faire d’efforts que d’autres communes en matière éducative, et davantage encore si l’école est réellement une priorité, avec une vision et une ambition pour le mieux vivre ensemble, comme cela est dit et redit dans la propagande municipale.
Le facteur aggravant de cette situation, c’est la taille des écoles maternelles à Colomiers. Des écoles bien souvent à 6 et 7 classes. La dernière école maternelle ouverte l’an dernier, l’école Lucie Aubrac, a ouvert avec 7 classes. Une huitième classe a été validée pour la rentrée 2015 dans des locaux qui ne sont pas prévus pour cela. Les ATSEM diminuent, mais pas les classes qui augmentent… Sur ce point, la municipalité reste sourde. Elle n’entend pas le handicap structurel que constitue des écoles à taille démesurée avec un public de plus en plus difficile. Toutes les études, pourtant le montrent : le mieux vivre ensemble dans les écoles et par conséquent la qualité des apprentissages ne peuvent progresser que dans des écoles à taille humaine où le bien être des élèves est réellement pris en compte et où les phénomènes de violence peuvent être rapidement endigués.
Les ATSEM de Colomiers se sont mobilisées. A travers cette décision, elles vont en effet voir leurs conditions de travail se dégrader. L’objectif n’est plus une ATSEM par classe, avec une relation privilégiée avec les élèves et l’enseignant-e. L’objectif c’est d’optimiser le nombre en déplaçant autant que de besoin les ATSEM sur des classes et des écoles où il y a des manques ponctuels. Comme l’Education nationale qui est passée maître dans cet art, l’objectif n’est plus la qualité du travail fourni ni la qualité des relations humaines au sein de l’école, mais d’assurer, si possible, la présence d’un adulte devant des enfants, indépendamment de toute autre considération liée aux exigences du métier. Ainsi va la vie dans la ville qui se dit « amie des enfants »…
La mobilisation des ATSEM, soutenue par les directeurs d’école, a trouvé un écho au sein de la population. Une pétition signée par 1 100 personnes a été remise à la maire de Colomiers au début du mois de juin. Une pétition pour dire la colère d’un service public qui se dégrade, pour dire qu’encore une fois ce sont les enfants qui vont en pâtir. Une pétition pour rappeler la nécessité de moyens pour assurer la sécurité des enfants, de bonnes conditions d’accueil et d’encadrement éducatif, une pétition pour la qualité du service public. Il est tout de même surprenant que la municipalité de Colomiers qui se targue d’être à la pointe de l’investissement dans l’éducation soit si peu comprise par les personnels, les directeurs, les parents d’élèves qui devraient être les premiers à se féliciter de tant d’attention accordée à l’éducation…
Le mercredi 24 juin, soit trois semaines plus tard et deux jours après que le groupe Vivre mieux à Colomiers ait déposé une série de questions orales pour le conseil municipal du 2 juillet concernant le problème des ATSEM (voir ci-dessous), la municipalité annonçait qu’elle ne supprimerait finalement que 6 postes sur les 9. Trois écoles, Jules Ferry, Jean Macé et En Jacca, verraient leurs postes d’ATSEM maintenus à la rentrée. C’est un recul, mais c’est un recul insuffisant. Dans son communiqué publié le jour de cette annonce, le groupe Vivre Mieux à Colomiers, a exigé qu’aucune ATSEM ne soit enlevée des écoles, considérant que personne à Colomiers ne souhaite « une école amputée de personnels qualifiés dont le travail est reconnu par tous ».
Nous tiendrons au courant nos lecteurs des réponses apportées à la maire à nos questions lors du conseil municipal du 2 juillet. Mais nous n’en aurons pas fini avec le sujet. Car dans le même temps que la mairie annonçait ces suppressions de postes, elle ouvrait le chantier de la réécriture de la Charte des ATSEM en vigueur depuis 2005… Cette Charte doit s’appliquer à la rentrée 2015, nous aurons l’occasion d’en reparler.
Additif à l’article :
Conseil Municipal du jeudi 2 juillet 2015
Questions orales du Groupe Vivre Mieux à Colomiers inscrites à l’ordre du jour :
Vous avez décidé de supprimer une ATSEM dans chaque école maternelle dès la prochaine rentrée scolaire.
Nous sommes choqués par cette décision qui va d’abord pénaliser les élèves, mais aussi compliquer la tâche des enseignants et des directeurs. Elle ne nous semble pas correspondre avec l’objectif d’une école plus juste et d’un mieux-être pour les enfants de Colomiers, alors que la précarité augmente tout comme l’échec scolaire.
9 ATSEM supprimées sur 54, cela fait plus de 16% d’effectifs en moins, ce qui est considérable. Quel autre service municipal subit-il ou a-t-il jamais subi un tel dégraissage ?
Pouvez-vous nous expliquer ce qui justifie cette décision, alors que vous ne cessez de proclamer que l’école est votre priorité ?
Pourquoi n’avez-vous pas répondu au courrier que vous ont adressé tous les directeurs d’écoles maternelles de Colomiers, courrier daté du 26 mars 2015, dans lequel ils exprimaient leurs incompréhensions et leurs inquiétudes suite à cette décision et dans lequel ils demandaient à vous rencontrer ?
Les ATSEM vous ont remis début juin une pétition signée par 1 100 personnes de Colomiers dénonçant cette décision et s’inquiétant de l’avenir de leurs missions, particulièrement dans la nouvelle Charte en cours d’élaboration. Quelle réponse allez-vous leur donner ?
Pourquoi la nouvelle Charte des ATSEM qui devait être adoptée par le Conseil municipal du 2 juillet n’est-elle toujours pas prête ?
Pourquoi a-t-elle été retirée de l’ordre du jour à la veille de la réunion de la commission Petite enfance / Education du 16 juin ?
Considérant que la rentrée scolaire de septembre ne peut pas être repoussée, comment cette charte qui ne sera pas adoptée par le conseil municipal du 2 juillet pourrait-elle s’appliquer dès la rentrée, c’est à dire le 1er septembre ?
Avec des ATSEM en moins, les missions des enseignants, malgré tous leurs efforts, sont nécessairement moins bien menées, c’est hélas mathématique… Ce choix municipal pénalise ceux qui le sont déjà : les plus fragiles des petits élèves et leurs familles.
C’est un choix politique indécent, en particulier pour des personnes se réclamant du socialisme.
L’argent n’a pas disparu, il faut le trouver là où il est. Liliane Bettancourt ne possède-t-elle pas à elle seule 40 milliards de dollars ? Et notre pays n’aurait plus d’argent pour éduquer sa population. De qui se moque-t-on ? Quelle est cette époque ?
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